Une ville entre visibilité périphérique et densité silencieuse

Rate this post

Située dans le département du Var, à une vingtaine de kilomètres de Toulon, Cuers apparaît comme une ville discrète, souvent absente des narrations touristiques dominantes. Ni tout à fait urbaine, ni pleinement rurale, elle s’inscrit dans cet entre-deux fonctionnel qui caractérise de nombreuses communes provençales soumises aux effets conjugués de la métropolisation, de la pression foncière, et des politiques d’aménagement à échelle régionale.

 

Longtemps structurée autour de son activité viticole, la commune a vu se transformer son rapport au territoire. Ce qui était autrefois un espace productif tend aujourd’hui à devenir un espace de transit résidentiel, capté par les flux pendulaires vers Toulon, Hyères ou La Garde. Le tissu pavillonnaire s’étend, les zones d’activités se standardisent, et l’identité locale se redéfinit sous la pression d’usages exogènes. À l’image de nombreuses petites villes prises dans les logiques de flux, Cuers n’est plus seulement habitée : elle est traversée.

 

Ce phénomène de mutation silencieuse entre en résonance, de manière inattendue, avec l’évolution d’univers numériques dématérialisés — comme ceux des plateformes de casino en ligne NetEnt, qui transforment les lieux sans lieux, les expériences sans ancrage, et les espaces sans présence. Cuers, dans cette lecture, devient à sa manière une interface : pas une destination, mais un point de passage chargé d’histoires sous-jacentes.

 

Stratification historique et effacement progressif

Cuers porte pourtant en elle une épaisseur historique marquée. Son centre ancien, ses bâtis resserrés, ses traces de fortifications et ses ruelles étroites rappellent qu’elle fut autrefois un pôle de structuration régionale, à la croisée des routes commerciales reliant les terres intérieures aux débouchés littoraux.

 

Mais cette mémoire est aujourd’hui mise à distance. Non niée, mais marginalisée dans les représentations contemporaines de la ville. Le récit local tend à s’effacer au profit d’une narration plus fonctionnelle : Cuers comme point de passage, Cuers comme pôle de desserte, Cuers comme variable d’ajustement foncier pour les métropoles proches.

 

Ce glissement n’est pas neutre. Il redéfinit ce qu’habiter veut dire. Il ne s’agit plus d’ancrage, mais de connectivité. L’histoire devient décorative. Elle sert de marqueur patrimonial, sans impact sur l’urbanisme réel ni sur les politiques de long terme.

 

Mobilités contraintes et dépendances invisibles

Le développement récent de Cuers repose en grande partie sur des logiques d’accessibilité : réseau routier amélioré, proximité de la gare, desserte autoroutière. Mais ces atouts apparents masquent une réalité plus ambivalente : l’habitant cuersois devient de plus en plus dépendant de l’extérieur pour travailler, se soigner, se cultiver.

 

La ville produit peu d’emplois qualifiés. Les équipements culturels sont limités. Les services publics se raréfient. Ce qui oblige à sortir. À circuler. À consommer ailleurs. Cuers devient alors un point de résidence temporaire dans une vie vécue au-dehors. Le lieu est habité, mais l’expérience de la ville se fragmente.

 

Et cette fragmentation renforce les inégalités. Ceux qui disposent d’un véhicule s’en sortent. Les autres s’enferment. L’espace urbain devient une variable de classe, un marqueur de mobilité ou d’assignation.

 

Les tensions du futur : densification, écologie, et refus des injonctions

Comme d’autres communes de la couronne toulonnaise, Cuers subit la pression contradictoire de la densification et de la préservation. Il faut construire, dit-on, pour répondre à la demande. Il faut préserver, rétorque-t-on, pour ne pas détruire le cadre de vie. Cette injonction paradoxale — densifier sans dénaturer — produit des politiques d’aménagement bancales, souvent perçues comme imposées.

 

La question écologique, elle, reste peu débattue publiquement. Pourtant, le territoire est vulnérable : sécheresses, canicules, raréfaction des ressources, pression foncière sur les terres agricoles. Mais ces enjeux restent invisibilisés dans la fabrique politique locale. On gère le quotidien, on planifie l’expansion, mais on évite la rupture.

 

Et pourtant, Cuers pourrait être laboratoire. D’une ville qui ralentit. Qui repense ses fonctions. Qui redonne de l’épaisseur au territoire. Mais cela suppose de rompre avec les routines. Et d’oser désobéir à certaines logiques régionales.

 

Conclusion : habiter autrement, raconter différemment

Parler de Cuers, ce n’est pas simplement décrire une commune varoise parmi d’autres. C’est interroger ce que devient une ville quand elle n’est plus pensée pour elle-même, mais comme pièce d’un système plus vaste. C’est regarder les marges, les silences, les discontinuités.

 

Entre mutations économiques, dépendance logistique et identité en recomposition, Cuers offre un point d’observation précieux sur la manière dont les petites villes s’ajustent, résistent, ou cèdent.

 

Reste à savoir si elle choisira d’être actrice de son récit — ou simple interface dans celui des autres.

Partager cet article 

Dans la même catégorie

Cuers, ville provençale au charme authentique

Contact

contact@ville-de-cuers.com

Copyright © 2024 Ville-de-cuers